octobre 2006
Hors-série
Présentation du comité de rédaction (2006-2011)
Texte de présentation
La littérature comparée à l’Université de Montréal
Présente à l’Université de Montréal depuis 1969, la littérature comparée soulève toujours maintes interrogations. Quel est ce domaine qui se situe au carrefour de plusieurs disciplines, puisant allègrement dans la philosophie, les études littéraires en plusieurs langues, les études culturelles, et parfois d’autres disciplines telles l’anthropologie, l’histoire, la sociologie et les études cinématographiques ? Très éloignée de la littérature comparée telle qu’elle est généralement pratiquée en Europe, la littérature comparée à l’Université de Montréal va bien au-delà d’une comparaison entre œuvres en langues diverses, d’une analyse du développement d’un genre littérature à travers plusieurs aires culturelles, de l’influence d’une tradition ou oeuvre littéraire sur une autre, ou de la réception interculturelle.
La littérature comparée est parfois comparée aux études culturelles (les cultural studies anglo-américaines) qui se penchent sur les phénomènes culturels en général, et portent souvent un intérêt particulier à la culture contemporaine et populaire, d’une perspective interdisciplinaire influencée par les théories sur le genre sexuel (gender), la race et la classe sociale. Mais beaucoup de comparatistes ne se reconnaissent pas dans les études culturelles. Formés, au moins en grande partie, dans des départements de littérature nationale, ils ont gardé une forte tradition d’analyse textuelle et discursive. Ce qui les intéresse dans les phénomènes culturels, c’est l’opacité des pratiques et des textes, la façon de dire ou d’écrire, plutôt que le contenu, ce qui nécessite des connaissances en rhétorique, en sémiotique, en herméneutique et en analyse du discours. Et contrairement aux cultural studies anglo-américaines, la littérature comparée travaille dans plusieurs langues et plusieurs aires culturelles. Alliant l’intérêt pour la textualité à un intérêt plus général pour tout phénomène culturel, et non seulement littéraire dans le sens canonique du terme, la littérature comparée prend comme objet d’étude une grande variété de sujets.
Ce qui caractérise plus particulièrement la littérature comparée à l’Université de Montréal, c’est l’accent mis sur l’élaboration d’une problématique, qu’on développe à l’aide de diverses disciplines, et qui touche généralement à plusieurs langues et cultures. La réflexion, le questionnement, la critique et la théorisation sont à la base de la recherche comparatiste. À travers toutes les phases du développement de la discipline, à partir des études sur les contacts interculturels, en passant par l’hégémonie de la théorie (sémiotique, psychanalytique, analyse du discours, narratologie) des années soixante-dix et quatre-vingt, ainsi que par l’influence des études féministes, du postcolonialisme, et des études culturelles, entre autres, la littérature comparée à l’Université de Montréal a toujours voulu garder une certaine distance critique, tout en s’intéressant vivement aux nouveaux développements de sa discipline et des disciplines connexes. L’esprit critique et l’ouverture éclectique sont particulièrement valorisés. Les trois axes principaux du Département de littérature comparée, qui portent sur les liens entre la littérature et le savoir, sur les médias, et sur l’interculturalité, et qui traversent la majorité des projets de recherche depuis l’implantation de la discipline à l’Université, permettent d’analyser et de questionner les développements les plus importants de notre modernité d’un point de vue interdisciplinaire.
- Image de couverture
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- Éditeur·rice(s)
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- L’équipe de Post-Scriptum
- Révision
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- L’équipe de Post-Scriptum
- Mise en ligne
- Laurence Sylvain