« Déconstruire cette colonisation pour reconstruire autrement »
Parcours et points de vue de trois atikamekw iskwewok de Manawan
Les théories relatives à la décolonisation et au postcolonialisme montrent que les instances de pouvoir colonial sont légitimées à travers la création de stéréotypes rendant l’altérité, particulièrement les corps des personnes forcées dans cette altérité, exploitable, jetable et à sauver (Coulthard, 2014; Guzmán, 2013; Spivak et Vidal, 2009). L’actuel Canada ne fait pas exception à cette mégalomanie destructive : les personnes autochtones ont été réduites à des stéréotypes répondant à un folklore multiculturel légitimant les violences à leur égard et la dépossession de leurs territoires. Pour les femmes autochtones, les conséquences de cet imaginaire colonial se concrétisent, entre autres, par un féminicide à l’échelle nationale (Anderson, 2016; CANADA, 2019; Bergeron & Boileau, 2015; Walter, 2014).
Cependant, les personnes autochtones – et plus précisément les femmes – n’ont jamais vécu le processus colonial de manière passive (Palmater, 2014) et ont toujours exprimé leurs voix par divers moyens (Gabriel, 2017; Gentelet, 2014; Kapesh, 1976; Koperqualuk, 2008) pour honorer leurs relations avec leurs communautés, leurs ancêtres, le territoire et les prochaines générations face au colonialisme (Simpson, 2011, 2017).
Le présent entretien est une collaboration entre okwimesak (ami.e.s) comprenant trois atikamekw iskwewok (femmes atikamekw nehirowisiwok) et un emitcikociwic (blanc)1 qui souhaite aborder le thème de la décolonisation dans le contexte actuel du Québec du point de vue de ces trois femmes fortement impliquées dans la transmission des savoirs atikamekw et des voix des membres de la communauté de Manawan. Ces trois femmes sont Jemmy Echaquan Dubé2, Maïlys Flamand3 et Marie-Kristine Petiquay4. Elles sont impliquées comme actrices, réalisatrices, artisanes, chanteuses et artistes. L’objectif de cette discussion prenant la forme d’une entrevue est de mettre à l’avant-plan les perspectives de Jemmy, Maïlys et Marie-Kristine concernant leurs pratiques artistiques ancrées dans l’utilisation des médias sociaux et des caméras, ainsi que les liens qu’elles y font avec un projet de décolonisation. Tout au long du texte, des notes de bas de page réfèrent à des textes, des films, des balados et des œuvres artistiques, non pas dans l’optique de légitimer nos paroles, mais bien de montrer comment celles-ci s’inscrivent dans une réflexion collective bien présente dans les Amériques.
Entrevue5
Étienne Levac : Vous avez grandi toutes les trois dans la communauté atikamekw nehirowisiw de Manawan et vous vivez présentement à Metaperotin (Trois-Rivières) et Moriak (Montréal). Comment est-ce que vous avez vécu ce déménagement en ville?
Jemmy Echaquan Dubé : Je vivais surtout en ville avant et je faisais des allers-retours à Manawan. Le plus grand choc que j’ai eu c’est quand j’étais à Manawan et que j’ai déménagé : quand tu vis pendant à peu près un an à Manawan où c’est plus tranquille et là tu arrives à Montréal et il y a trop de bruits avec les voitures. Je te dis, des fois je commençais à paniquer et à avoir peur en fait. Des gens dans la rue qui crient, des bagarres de chats, des gens qui font la fête toute la nuit.
Marie-Kristine Petiquay : Pour moi c’est le contraire. Maintenant quand je suis à Manawan et que c’est trop silencieux, j’ai peur. À Manawan ce sont des chiens qu’on entend.
JED : À Manawan ce sont des gangs de chien et à Montréal ce sont des gangs de chats (rires)6.
MKP : Moi j’ai quitté la communauté la première fois en 2006 pour faire mon secondaire à Metaperotin (Trois-Rivières). Mes parents m’ont envoyée là pour m’offrir de meilleures chances dans la vie, on va dire, pour avoir une meilleure éducation, mais j’ai trouvé ça vraiment difficile. J’étais dans un 3 et demi toute seule à 13 ans que ma mère payait et elle venait me voir une fois par semaine après ses cours à l’Université du Québec à Trois-Rivières le soir. Elle faisait mon épicerie et me laissait de l’argent de poche pour la semaine aussi. Au moins, je pouvais la voir une fois par semaine.
Mais ce que j’ai trouvé difficile, c’est le racisme que je vivais à l’école secondaire. Je ne peux même pas dire le nombre de fois que je me suis fait suspendre parce que je me suis défendue. Au final, ça a eu un impact sur mes études parce que je n’avais pas de si bonnes notes et je suis retournée à Manawan pour finir mon secondaire là-bas. En 2009 je suis retournée à Trois-Rivières, mais cette fois-ci pour aller au cégep, mais encore là il y avait une difficulté d’adaptation, non seulement de retourner en ville, mais aussi de passer des études secondaires aux études postsecondaires. Ça aussi, c’était difficile. C’est au bout de 3 ans de cégep que j’ai réussi à mieux m’intégrer et à ne pas me tenir toute seule dans mon coin.
Maïlys Flamand : Moi j’ai grandi à Manawan et à Mashteuiatsh lors de mon primaire et de mon secondaire. Je n’ai jamais fait mon primaire et mon secondaire en ville donc c’était un gros choc d’aller faire mon cégep en ville parce que j’ai toujours grandi en communauté. Je me rappelle que je restais sur une grosse rue à Trois-Rivières, sur le boulevard Des Forges, et au moins le cégep n’était pas trop loin à pied, mais je m’isolais beaucoup, j’avais peur de sortir et il y avait des gros bruits. C’est là que j’ai terminé mon DEC en art visuel au cégep de Trois-Rivières pour ensuite aller à Québec pour étudier le design graphique, mais je n’ai pas terminé parce que je sentais que ce n’était pas pour moi. Je faisais beaucoup de projets reliés à ma culture et ce n’était pas vraiment reconnu par les professeurs qui ne comprenaient pas trop où je voulais m’enligner.
Après ça je me suis dirigée à Chicoutimi où j’ai fait un certificat en intervention jeunesse autochtone. On était pas mal juste des Autochtones mis à part deux allochtones. On venait d’un peu partout au Québec et on a passé le certificat tout le monde ensemble. Ça a été une très belle expérience pour moi et en plus j’avais des bonnes notes. On aurait dit que je savais où m’enligner aussi.
Ensuite j’ai décidé d’aller à Trois-Rivières pour faire un certificat à l’UQTR, mais j’ai abandonné parce que je ne ressentais pas que c’était comme le groupe à l’Université du Québec à Chicoutimi avec d’autres Autochtones. À la place, j’ai commencé à travailler comme animatrice au CAATR (Centre d’Amitié Autochtone de Trois-Rivières).
J’ai ensuite déménagé à Montréal où j’ai commencé un certificat à l’UQÀM, mais que je n’ai pas continué (rires). Dans le fond, je voulais faire un bac par cumul, mais je ne savais pas où je voulais m’en aller avec ça. La seule chose que je savais c’était que je voulais travailler auprès des Autochtones en milieu urbain. C’est pour ça que maintenant je reste à Montréal et je travaille comme animatrice culturelle à Montréal Autochtone.
ÉL : En plus, il me semble que quand on s’est rencontrés tu as justement lâché ton certificat à l’Université du Québec à Montréal parce que tu as eu l’emploi à Montréal Autochtone.
MF : Oui c’est ça! Je dis souvent aux jeunes que tu n’es pas obligé d’avoir de hautes études pour obtenir de l’expérience et participer à des colloques et différents rassemblements. On peut se faire connaître par notre parole et par ce qu’on a envie de faire.
JED : Je voulais rebondir sur ce que Marie-Kristine disait. La première fois que je suis arrivée en ville, j’étais très jeune donc je ne m’en souviens pas trop, mais je me souviens très bien d’avoir ressenti que j’étais arrivée dans un monde qui n’était pas le mien avec des personnes qui étaient plus pâles que moi.
Je me souviens aussi très bien du fait que j’ai dû redoubler. La première journée que je suis arrivée à l’école, les professeurs ont vu comment je lisais et écrivais et ont décidé de me faire passer de la troisième année à la première année.
À ce moment-là, je ne savais pas lire en français et je ne savais presque pas parler français parce que les trois premières années du primaire à Manawan on nous apprend seulement l’atikamekw et par la suite on nous apprend le français et l’anglais.
Donc, disons que c’était un coup dur d’arriver dans une classe avec des gens plus petits que moi, mais au moins j’étais la meilleure de la classe (rires).
J’avais une certaine facilité à lire, mais des fois je n’étais pas capable et je me souviens que j’allais voir ma mère en pleurant.
Je voulais parler de ça, de cet enfermement dans un milieu qui n’était pas le mien. Un autre bon exemple est que toute ma vie mon nom a été Jemmy, mais le nom qui était sur mon acte de naissance est une erreur du prêtre. Je dis toujours qu’il a sûrement fait exprès à cause de la francisation dans le milieu québécois. Donc au lieu de mettre Jemmy, il a inscrit Agathe comme premier nom. Je ne savais même pas qu’un de mes noms c’était Agathe. Pour moi ça a toujours été Jemmy. Donc quand je suis arrivée à l’école, le professeur a fait la liste des présences et il a appelé Agathe. Bien sûr je ne répondais pas parce que je ne savais pas qui était Agathe (rires). Après, il a fallu écrire notre nom sur nos pupitres et j’ai écrit Jemmy, mais il m’a dit qu’il fallait que j’écrive le bon nom, mais c’était celui-là mon nom! Il m’a répondu que maintenant il fallait que j’écrive Agathe. Alors j’ai levé la main et je lui ai demandé : « comment on écrit Agathe? » (rires). J’ai dû me battre toute l’année scolaire là-bas pour que je puisse écrire mon nom et ça le fâchait quand j’écrivais Jemmy Marie Agathe Echaquan Dubé.
ÉL : Il existe une très grande littérature sur les idées et les pratiques entourant la décolonisation, mais selon vos vécus, vos expériences et vos réflexions, comment comprenez-vous la décolonisation?
MKP : Les gens parlent beaucoup de réconciliation, mais la décolonisation ce n’est pas juste de faire des actions pour se réconcilier avec un peuple auquel on a fait du tort, c’est aussi de déconstruire cette colonisation pour reconstruire autrement. Comment? Je ne sais pas.
JED : Je dis toujours que pour déconstruire quelque chose ça doit venir de la personne en premier. Si une personne qui est au pouvoir a le pouvoir de déconstruire tout un ministère, elle a le pouvoir de prendre le temps de consulter les personnes opprimées et de décider ensemble c’est quoi la meilleure façon de déconstruire cette colonisation et comment on peut résoudre certains enjeux notamment par des projets de loi. Je pense que les gens qui souhaitent entamer un projet de la sorte doivent absolument avoir à cœur celui-ci pour que cela les anime, considérant que c’est un énorme travail. Si les personnes ne les ont pas à cœur, ces initiatives ne feront que se rajouter aux nombreuses piles de projets de loi sur une étagère.
ÉL : Vous parlez de déconstruction de la colonisation, est-ce que cela s’adresse surtout aux personnes non autochtones ou pas uniquement?
JED : Non, pas uniquement, parce que c’est un travail d’entraide.
MF : L’ouverture c’est important dans le but de briser les stéréotypes.
MKP : Je pense que la décolonisation ne s’adresse pas uniquement envers la société dominante, les blancs. Je pense qu’il faut aussi décoloniser chez nous. Par exemple, Constant Awashish7 dit souvent que les Conseils de bandes ont été créés par l’article 748 qui stipule que les Indiens sont gérés par le fédéral, alors que le Conseil de la Nation Atikamekw a été créé par le peuple atikamekw, ce qui réfère à l’article 35 de la constitution canadienne9. D’après moi il faut penser à comment décoloniser les institutions politiques de notre peuple. Un autre exemple dans cette idée de décolonisation, c’est quand les gens regardent le « blood quantum»10 pour décider si tu es autochtone. Je pense que c’est très présent chez nous aussi. Une fois, il y avait deux personnes qui occupaient des postes de direction à Manawan et elles étaient métissées, donc elles avaient un parent autochtone et un parent non autochtone. Beaucoup de personnes dans la communauté qui se disaient « pure blood » les médisaient parce qu’elles étaient métissées. Selon moi, c’est une forme de racisme. C’est aussi parce que ces personnes ont vécu une partie de leur vie en ville, alors que les personnes métissées qui ont vécu toute leur vie en communauté ne vivent pas cela. Un exemple personnel est que mon père est métissé, mais il a vécu toute sa vie en communauté donc il ne vit pas ce problème-là. En fait, je ne crois pas que les gens savent qu’il n’a pas deux parents autochtones.
À Kiuna11 on avait vu un peu cela dans nos cours de sociologie. C’était la théorie du roi N…, je n’ai pas envie de dire le mot12. C’est une théorie selon laquelle les colonisateurs choisissaient une personne locale pour être chef et exercer leur pouvoir à travers lui parce qu’il va être plus écouté comme chef que les gens qui viennent de l’extérieur, mais c’est quand même ces personnes qui contrôlent le chef. Donc elles gouvernent tout de même indirectement. Dans le cours, on avait appliqué cette théorie sur les conseils de bande justement parce que cette institution politique a été créée pour nous gouverner13.
JED : Quand je disais l’histoire avec mon nom, c’est l’une des premières formes de colonisation que j’ai expérimentée quand j’étais jeune. J’arrivais dans un nouvel endroit avec un nom qu’on m’avait donné qui n’était pas le mien et qu’on me forçait à l’utiliser. Je n’aimais pas ce nom-là. Je ne voulais pas m’appeler Agathe, je trouvais que ça faisait kokom (grand-mère) (rires).
Je me souviens de la fierté que j’avais quand j’ai dit : « mon nom c’est Jemmy, avant c’était Agathe, mais j’ai finalement changé de nom ». Un élève m’a alors dit « et tu penses que Jemmy c’est mieux? ». Oui bien sûr (rires).
Dans le fond cet aspect-là de décoloniser, quand je disais que ça venait des personnes au pouvoir, je parle aussi des professeurs, des ambulanciers, des médecins, des policiers. C’est toutes des personnes qui sont dans des situations avec de l’autorité et qui ont le pouvoir d’avoir une ouverture d’esprit, de changer. Ces personnes peuvent poser des questions avant de juger.
ÉL : Un élément qui ressort de votre travail est le principe de la souveraineté narrative14. Vous avez toutes les trois fait plusieurs films avec la Wapikoni Mobile et vous gravitez toujours très près de cet organisme. Dans vos films vous abordez des thèmes comme la transmission des connaissances atikamekw, le vécu en tant que femme, le rapport aux aînés et j’en passe. Quel est votre processus pour sélectionner les thèmes de vos films?
MKP : J’aime dire que j’ai grandi dans l’ombre bienveillante de la Wapi. Mon film Ni Manictakom (Mon île), je l’ai fait par accident. Ce n’est pas ça que je voulais faire à la base. Cette année-là j’ai fait deux films, dont #14 sur mon petit frère qui faisait de la moto. Les gens de la Wapikoni Mobile m’ont montré comment utiliser une caméra et m’ont ensuite dit de me promener dans la communauté et de filmer ce dont j’avais envie. À la fin de la journée quand j’ai montré les images que j’ai faites, les deux personnes de la Wapikoni Mobile m’ont dit que les images étaient fantastiques et qu’il fallait faire de quoi avec ça. Donc après on a enregistré un « voice over » et on est retourné faire quelques plans de moi qui se promène dans le village. Ça a donné le film Ni Manictakom (Mon île) qui est comme mon tour guidé de ma communauté.
Sinon dans d’autres de mes films, la transmission culturelle est quelque chose qui m’habite depuis longtemps, dont je n’avais pas vraiment conscience au début. Je parle par exemple de mon film Masko nimiwin (La danse de l’ours). C’était la troisième édition du Pow-wow cette année-là. Je sais que le premier Pow-wow à Manawan a eu lieu en 2006 pour le 100e anniversaire de la communauté qui a été fondée en 1906. C’est en 2008 que j’ai fait Masko Nimiwin (La danse de l’ours). C’était seulement la troisième édition et comme c’était une activité qui revenait j’avais le goût de la documenter. J’ai donc fait une entrevue avec un aîné, Gilles Moar, qui m’a parlé pendant trois heures. Après ça, c’était compliqué de prendre des bouts pour faire un film de cinq minutes (rires) avec des images de la troisième édition du Pow-wow.
Considérant qu’on est un peuple à tradition orale et qu’on n’est pas vraiment des écrivains, même s’il y a des très bons écrivains parmi nous, je me dis qu’avec les films c’est quand même de l’oral et ça perdure dans le temps. On a quand même des histoires qui se transmettent de génération en génération où il y a des mammouths15 dedans. On est des personnes très imagées et le film nous permet de jumeler l’image et l’oral.
C’est pour ça que j’utilise le film, pour assurer une pérennité à ces connaissances, pour qu’elles ne se perdent pas.
MF : Mon dernier film, Iskwew-Ishkueu (Femme), c’est plus mon parcours personnel. Je voulais inspirer les gens en montrant que c’est correct d’avoir différents parcours et que c’est correct de ne pas vouloir retourner dans sa communauté. C’est correct de vouloir faire sa place en ville, de vivre en milieu urbain. C’est le message que je voulais envoyer.
Ça revient toujours, mais je voulais aussi parler du choc culturel que j’ai vécu. Je voulais montrer aux gens que c’est correct de le vivre, de s’adapter, de vouloir retourner dans sa communauté, travailler fort pour retourner dans sa communauté. Le but était de montrer les différents parcours possibles et exposer le mien16.
ÉL : Marie-Kristine l’a abordé un peu, mais il existe toujours des stéréotypes face à l’authenticité des peuples autochtones et des cultures autochtones où l’utilisation de la caméra n’est pas toujours considérée comme « traditionnelle »17. Je trouve que vous démontrez brillamment toutes les trois dans votre travail comment jumeler traditions, savoirs, cultures et parcours de vie à travers la caméra. C’est pour cela que je vous pose la question, pourquoi ce choix de l’outil qu’est la caméra?
MF : Je trouve que la caméra c’est un beau moyen de s’exprimer et je le vois énormément avec les participants à la Wapikoni Mobile. J’ai souvent travaillé dans les escales à Manawan et c’est très présent cette motivation des gens de vouloir créer et transmettre la culture. On s’entraide dans nos inspirations à vouloir faire des films.
JED : Mes plus récents films sont plus sur mon apprentissage. Le premier film que j’ai fait était plus éducatif parce que j’avais vécu énormément de choses et j’avais envie de le partager. Je me disais : « je vais vous le montrer là ce que vous me dites tout le temps, je vais le dire devant vous pour vous montrer à quel point c’est ridicule »18.
Plusieurs de mes films sont pour démystifier des sentiments que j’ai ressentis toute ma vie ou trop souvent et que j’essaie de mettre à l’écran (rires) pour ne pas dire mettre sur papier. Je trouve que ça me permet d’avoir une forme de rétrospective et de regarder en me disant que ça ressemble à ça ce que je ressens. Ce que je veux, c’est que les gens puissent s’identifier à ça aussi s’ils ont vécu des choses similaires.
ÉL : Tu as été l’une des protagonistes du documentaire intitulé Le Mur Invisible qui porte notamment sur ton parcours scolaire et militant. Considérant que tu travailles beaucoup sur le thème de la transmission et de la valorisation culturelle de ton peuple, quelle était l’importance pour toi de montrer ton parcours dans le documentaire?
MKP : Je ne sais pas (rires).
ÉL : En d’autres mots, pourquoi avoir participé à ce documentaire?
MKP : Je ne sais pas trop. J’ai rencontré Laurence par hasard au parc Émilie-Gamelin lors d’un évènement organisé par Guy Sioui Durand19 auquel il m’avait invitée. Et là j’ai vu Shawerim, l’autre protagoniste dans le film, qui est aussi ma cousine. Ce n’est jamais dit dans le documentaire, que c’est ma cousine, mais en effet c’est ma cousine. Je suis allée lui dire bonjour et là il y a une équipe de tournage qui la suivait et je me demandais ce qui se passait. C’est presque comme si c’était le destin qui a fait en sorte qu’on s’est rencontrées par hasard au parc Émilie-Gamelin.
Je travaillais à l’espace culturel Ashukan à l’époque, donc j’ai amené l’équipe de tournage à la boutique et je leur ai fait un tour guidé de l’exposition d’Anatole St-Onge qui avait peint 20 leaders autochtones qui l’inspiraient20. Après ça, Laurence (la réalisatrice du documentaire) m’a proposé d’embarquer dans le projet et j’ai dit oui.
ÉL : Ça t’a fait quoi de revoir ces images ?
MKP : Je suis fière d’où est-ce que je suis rendue aujourd’hui parce que le film a été tourné sur quatre ans, de ma sortie à Kiuna jusqu’à 2020. C’était fou de voir à quel point j’évoluais et à quel point j’ai pris de l’assurance dans comment je m’exprime. Je pense que ça m’a aidé à devenir une meilleure leader, si on veut. C’est vrai que dans ce film-là on voit plus mon parcours de militante.
En ce moment, je travaille sur mon propre long métrage pour encore une fois parler de mon parcours, mais plus en tant que femme atikamekw dans une recherche identitaire.
ÉL : On sait que les émissions, les nouvelles, les films ont grandement aidé à transmettre une image négative des femmes autochtones21 historiquement et toujours actuellement, malgré les avancées dans le domaine des représentations. Est-ce que Jemmy, tu pourrais nous parler un peu de comment tu as vécu les rôles de Daisy dans l’émission Fugueuses et de Méli dans l’émission Toute la vie ?
Jemmy : Au début je me disais, mais voyons donc encore un autre stéréotype d’une femme autochtone en boisson, dans la rue, et qui se fait battre. On va se le dire, on est dans le milieu dramatique québécois. Les Québécois sont vraiment très bons dans le cinéma dramatique. J’ai vraiment hâte de voir des émissions dans le genre de la comédie avec des autochtones. Ça serait fantastique!
Ceci dit, il y avait des choses dans le rôle de Daisy que j’étais moins partante à faire. Un exemple c’est qu’il y avait une scène où je devais « sniffer » de la cocaïne. On me disait que la poudre qu’on allait utiliser était bonne pour le corps, mais que le seul truc c’est que ça allait assécher mon nez. Je me souviens qu’à ce moment-là j’étais dans mon appartement et je pratiquais cette scène en faisant des lignes avec du sel parce que sinon j’allais trouver la scène trop étrange et il fallait que ça semble naturel à l’écran. Donc j’avais fait des lignes de sel avec une carte et un stylo en faisant semblant de « sniffer » les lignes. Pi là (rires), Maïlys est rentrée dans la cuisine et m’a regardé en me disant : c’est quoi ça? Et je lui ai répondu « bah c’est des lignes de coke » (rires). C’était drôle, elle a eu tellement peur (rires).
Il y avait des scènes aussi qui étaient difficiles à tourner, mais j’ai beaucoup aimé la scène où je me faisais battre parce que c’était la première fois que j’avais besoin d’une doublure et que je devais faire une cascade en apprenant une chorégraphie. J’ai tellement eu de fun, mais tout le monde trouvait la scène horrible parce que c’est violent, mais là je me levais et je commençais à danser.
Une des scènes qui a été le plus difficile à tourner, c’était dans Toute la vie dans le rôle de Méli où elle est enceinte et on devait tourner dans une ruelle avec la mère de Méli qui est interprétée par Katia Rock. On était supposées être saoules toutes les deux à terre avec rien de plus qu’un manteau au sol, mais c’était vraiment dégueulasse. Je me souviens que Katia et moi on était à terre en train de pleurer sur le plateau de tournage en nous disant que c’était assez dégueulasse d’être à terre pendant longtemps dans une ruelle.
Je pense qu’il était vraiment très maladroit d’avoir dit ça et même s’il est super gentil et sans jugement, le réalisateur est venu me voir un peu après et il m’a dit que je faisais vraiment bien une personne qui boit et qui est saoule (rires). Pour vrai l’une des seules raisons pourquoi j’arrivais bien à jouer une personne saoule, c’est parce qu’une très bonne actrice m’avait aidée à bien tourner ce genre de scène-là. Comme je le dis, je ne pense pas qu’il a dit ça avec du jugement, mais c’était très maladroit de sa part dans son compliment.
ÉL : Un petit truc dont j’étais curieux et qui est dans le thème des émissions grand public, comment est-ce que tu as vécu ton passage à Occupation Double (OD, 2020)?
JED : Sérieux, il (Jay du Temple) est tellement beau (rires). Mais blagues à part j’ai vraiment aimé ça. L’équipe de tournage était vraiment gentille et c’était super de discuter avec eux. En plus je pouvais voir les filles d’Occupation Double et je les ai saluées intensément (rires). Ça faisait étrange de penser que ces personnes étaient là depuis tellement longtemps et qu’elles scrutaient la moindre nouveauté considérant qu’elles étaient juste entre elles depuis le début. C’était un peu comme les gens dans la communauté qui sont sur leur perron et qui voient quelque chose de nouveau en se disant « ah il y a quelque chose qui se passe ».
MKP : Oui, nos systèmes d’alarme c’est les kokom qui regarde par la fenêtre (rires).
JED : Aussi, les questions de Jay étaient super pertinentes et démontraient une très belle sensibilité. Je ne m’en rendais pas compte, mais c’est une des filles de l’équipe de tournage qui m’a dit que Jay du Temple a étudié la sociologie et ça paraissait parce qu’il était super intéressé par les relations humaines. Ça parait moins parce que là il est dans le domaine de l’animation, mais je trouve que ça paraissait dans ses questions qui établissaient un espace pour une conversation plus profonde. C’est pour ça que j’ai beaucoup aimé cette entrevue.
ÉL : Maïlys, tu travailles présentement à Montréal Autochtone où tu fais notamment des capsules vidéo où l’on te voit faire différents types d’artisanat. Dans tes films avec la Wapikoni, tu t’inspires de l’ASMR22 et tu abordes beaucoup tes questionnements personnels sur ton identité. D’où t’es venue l’idée de partager tes connaissances et ton art à travers ces capsules vidéo et tes films?
MF : Quand j’ai été engagée, ça ne faisait pas très longtemps que je faisais des ateliers et des cercles d’artisanat. Peu de temps après, on est tombés en pandémie, donc je n’ai pas trop eu le temps de rencontrer tous les membres qui venaient habituellement au centre d’amitié pour les ateliers et les activités. C’est là que j’ai eu l’idée de faire des capsules vidéo sur la page Facebook de Montréal Autochtone pour faire savoir que c’est moi l’animatrice culturelle. Je voulais que les membres puissent me connaître à travers ces capsules pour qu’on puisse plus tard faire des activités ensemble.
Depuis quelques jours maintenant on fait des cercles d’artisanat en ligne chaque vendredi. Ça permet d’interagir avec les membres et de partager nos projets de perlage, d’artisanat, de mocassins et on fait juste parler. C’est vraiment agréable.
Les gens me disent que mes vidéos sont vraiment relaxantes pour eux et je vais continuer à en faire quand je peux. C’est beaucoup de travail organiser des ateliers pour les prochains mois et aussi mon travail à la Wapikoni Mobile comme commissaire.
Comme j’ai étudié en arts visuels, où j’ai pu toucher la sculpture, la peinture et aussi la sérigraphie, je suis attirée vers plein de moyens d’expressions artistiques. J’ai appris le perlage quand j’étais en arts visuels et c’était un moyen pour moi de m’exprimer dans ma culture autochtone.
Quand j’ai fait l’illustration de Joyce Echaquan, cette journée-là a été très éprouvante. J’étais au travail quand j’ai découvert la vidéo qui circulait et je n’en revenais pas. Quand je suis revenue chez moi j’étais épuisée et je ne savais pas trop quoi penser de tout ça sur le coup. Je me suis demandé ce que je pouvais faire sur le coup pour aller mieux et pouvoir redonner à ma communauté. C’est là que j’ai décidé de faire l’illustration. Mon but premier était de l’offrir à ma communauté pour leur montrer que je soutiens la cause et que ce n’est pas acceptable ce qui est arrivé. On veut des changements.
Je n’en suis pas revenue à quel point mon illustration a fait le tour du monde et j’ai donné plusieurs entrevues pour expliquer ce qui a motivé cette illustration, pourquoi je ne reste pas à Manawan et ce que je fais comme travail à Montréal pour la communauté autochtone qui vit en ville. Les allochtones aussi sont les bienvenu.e.s à Montréal Autochtone.
ÉL : Vous vous êtes beaucoup impliquées justement suite à la mort de Joyce Echaquan à l’hôpital de Joliette où vous avez immédiatement créé des illustrations, fait des performances à la télé pour dénoncer son décès, assisté à des manifestations et des vigiles pour demander justice. Comment est-ce que vous entrevoyez le futur dans votre militantisme?
MF et JED : Beaucoup par zoom, à deux mètres avec un masque et beaucoup de Purell (rires).
MKP : Moi je suis assez optimiste. Je vois que notre génération est déjà en train de changer sa manière d’être et de penser les choses. Le racisme n’est pas quelque chose d’inné, mais bien d’appris. Un enfant quand il naît ne verra pas la couleur de peau d’un autre enfant, il va juste vouloir jouer avec lui. Je ne pense pas que ce soit notre génération, mais bien la prochaine ou la suivante qui va réussir à effectuer un changement global. Étienne, je veux que mes enfants puissent jouer avec les tiens ok!? (rires).
Les valeurs que nous avons vont être transmises à la prochaine génération et ainsi de suite. C’est pour ça que je te parle d’optimisme.
JED : Je le vois beaucoup aussi dans les ateliers de sensibilisation qu’on fait avec les jeunes. Ils sont tellement plus intéressés et curieux. Je suis pas mal optimiste par rapport à ça. C’est sûr que ça va prendre du temps avant de voir des résultats plus larges et d’apprendre par quel chemin passer. Il faut qu’on se lève à un moment donné en ayant la conviction de vouloir réaliser un changement et chercher des alliances dans cette optique.
ÉL : Est-ce que vous avez un mot de la fin ?
JED : Baby yoda est Atikamekw (rires)23.
- 1Ce emitcikociwic (mot qui renvoie à « blanc » qui signifie littéralement « coupeur d’arbre ») est Étienne Levac. Il est à la maîtrise en Sciences des Religions à l’Université du Québec à Montréal où il travaille en collaboration avec plusieurs actrices et acteurs de Manawan. Il est aussi coordonnateur du Projet Matakan qui est un projet de valorisation et de transmission des savoirs, de la langue et du patrimoine atikamekw avec les jeunes de la communauté de Manawan. Il entretient des relations avec la communauté de Manawan depuis maintenant 4 ans
- 2Jemmy Echaquan Dubé vient de la communauté atikamekw de Manawan. Artiste pluridisciplinaire, elle a réalisé plusieurs courts métrages avec la Wapikoni Mobile dont Deux pocahontas en ville (2015), À travers les yeux (2016) et Là d’où vient mon sang (2017) Elle est mieux connue au Québec pour ses rôles dans les émissions Fugueuses et Toute la vie. Cette notoriété l’a amené à faire plusieurs sorties médiatiques relativement au décès de Joyce Echaquan.
- 3Maïlys Flamand est Atikamekw et Innu. Elle a réalisé plusieurs courts métrages avec la Wapikoni Mobile qui s’intitulent Tetci Nin? (Pourquoi moi?) (2017), Nitaskinan (Territoire) (2018) et Iskwew-iskueu (Femme) (2020). Elle travaille présentement à l’organisme Montréal Autochtone où elle a participé au projet Chuchoteurs autochtones, lequel contribue à la valorisation des langues autochtones par les techniques ASMR. Elle fait aussi plusieurs vidéos en direct sur Facebook où elle montre des techniques de perlage et de couture.
- 4Marie-Kristine Petiquay vient aussi de la communauté atikamekw de Manawan. Elle a réalisé plusieurs courts métrages avec la Wapikoni Mobile dont Onimiskiskaw Nitehik (Il y a un orage dans mon cœur) (2018), Masko nimiwin (La danse de l‘ours) (2008) et Aniskenamakewin (Transmission) (2020). Elle a récemment été l’une des protagonistes d’un documentaire intitulé Le mur invisible (Lemaire, 2020).
- 5Cet échange a eu lieu le 21 juin 2021
- 6 Nous avons décidé de conserver les moments de rires dans l’entrevue pour que ceux-ci transparaissent tout au long du texte considérant que, pour plusieurs peuples autochtones, l’humour et le rire sont des éléments fondamentaux pour l’échange relationnel. Pour plus de détails, voir Deloria Jr., 1969 (particulièrement les chapitres « Anthropologists and other friends » ainsi que « Indian humor ») et Jérôme, 2010 (sur la place du rire dans les rituels atikamekw nehirowisiwok)
- 7Constant Awashish est le Grand Chef du Conseil de la Nation Atikamekw depuis 2014. Pour un entretien avec celui-ci au début de son mandat en 2014, où il discute de son rôle, du CNA et du Nitaskinan (territoire ancestral atikamekw nehirowisiw qui se traduit par « Notre territoire » avec un Nous exclusif), voir Trudel, 2014.
- 8L’article 74(1) de la Loi sur les Indiens (adoptée en 1876 sous le nom « L’Acte des Sauvages ») stipule que : « Lorsqu’il le juge utile à la bonne administration d’une bande, le ministre peut déclarer par arrêté [à| compter d’un jour qu’il désigne le conseil d’une bande, comprenant un chef et des conseillers, sera constitué au moyen d’élections tenues selon la présente loi ».
- 9La Loi constitutionnelle de 1982 reconnait et confirme à l’article 35 un ensemble de droits aux peuples autochtones, notamment les droits ancestraux.
- 10 Le « blood quantum » est un outil pour déterminer l’identité autochtone en fonction du pourcentage de sang autochtone d’une personne. Pour approfondir la question, voir Corntassel & Primeau, 1998,pour une analyse internationale, voir Vowel, 2017, pour une critique relative à la littérature de science-fiction, voir Schmidt, 2011, pour un historique de la question au Canada et aux États-Unis, voir aussi la série de cinq œuvres « Meditations on Red » de Nadia Myre (Myre, s. d.). Finalement, le film Club Native de Tracey Deer (2008) interpelle aussi la question du Blood Quantum dans la communauté de Kahnawake.
- 11Seule institution collégiale autochtone au Québec, le collège Kiuna est situé dans la communauté d’Odanak. Pour une histoire de ce collège depuis sa première phase en 1973, sous le nom du Collège Manitou, voir Dufour, 2017. Pour une perspective plus artistique de la fondation du collège Manitou, voir les premières pages de La Guerre des Fleurs, (Cisneros, 2016).
- 12Marie-Kristine fait ici référence au texte d’opinion d’André Laurendeau paru dans le Devoir le 4 juillet 1958, qui établissait un parallèle entre la colonisation en Afrique et la « colonisation » des Anglais au Québec (Laurendeau, 1958).
- 13Pour approfondir les critiques autochtones défendant la position des conseils de bandes comme extension de l’État colonial, voir les auteurs et autrices de la résurgence autochtone : Alfred & Corntassel, 2013; Coulthard, 2014; Gabriel, 2017; Simpson, 2011.
- 14Jesse Wente, directeur de l’Indigenous Screen Office, définit la souveraineté narrative comme suit : « Quand je parle de souveraineté narrative, ce dont je parle est réellement la capacité des nations de posséder un contrôle sur les histoires qui les décrivent. Dans toute l’histoire du cinéma, l’énorme majorité des histoires racontées sur les peuples autochtones – fictifs et documentaires – … ont été racontées par des peuples non autochtones. » (ImagineNATIVE, 2019, 7).
- 15Pour un aperçu de la transmission orale comme moyen de connaissance et source historique, voir Vincent, 2013.
- 16Sur le sujet de la multiplicité des parcours autochtones, d’aller en ville ou de rester en communauté, écouter l’épisode 8 du balado « Oser s’en parler » avec Myriam Verrault, réalisatrice du film Kuessipan, qui aborde notamment l’intention des parcours des deux protagonistes (Côté, 2020).
- 17Sur cette question, voir D’Orsi, 2014, sur l’idée de tradition des peuples autochtones au Québec, voir Loft, 2014, sur les liens entre les cosmologies autochtones et Internet voir Pinhanta, 2006, sur le processus d’acceptation de la caméra par une personne Asháninka au Pérou dans un projet similaire au Wapikoni Mobile, voir : « Vidéos nas aldeias ».
- 18Jemmy fait ici référence à son film Deux pocahontas en ville.
- 19Guy Sioui Durand se présente en ces termes sur son site internet : « Wendat (Huron) originaire de Wendake près de la ville de Québec au Canada, Guy Sioui Durand est membre du clan de Yanariskwa’ (clan du Loup). Il participe aux rencontres et cérémonies de la Yanonchia’, la Maison longue traditionnaliste. Il appuie le projet de revitalisation de la langue Wendat. Je suis un Sociologue (PH.D.), un critique d’art et commissaire indépendant. Chargé de cours depuis 1978 et conférencier de renom, j’ai développé depuis 1993, fusionnant les formes autochtones de l’oralité avec les codes de l’art performance, ce que j’appelle des harangues performées. Homme de pensées (théories, écrits et transmissions) et d’actions (événements, conférence-performance, activités médiatiques) c’est en ce sens que l’art actuel et l’art amérindien sont mes domaines d’intervention » (Sioui Durand, 2021).
- 20Marie-Kristine fait ici référence à l’exposition d’Anatole St-Onge intitulé Leadership autochtone. Pour en savoir plus voir « Anatole St-Onge », s. d.
- 21Pour approfondir le sujet de la construction de l’image négative des femmes autochtones, voir le chapitre « The Construction of a Negative Identity » (Anderson, 2016).
- 22Le terme ASMR est l’acronyme de Autonomous Sensory Meridian Response. Maïlys a notamment fait partie du projet du Conseil Jeunesse de Montréal Autochtone intitulé « Chuchoteurs Autochtones » qui visait à transmettre des termes en langues autochtones par le biais des techniques d’ASMR et de chuchotements. Pour un exemple du projet voir Montréal Autochtone, 2020.
- 23Jemmy fait ici référence à la question à savoir de quel peuple autochtone baby yoda est issu. Sur ce point Melissa Mollen Dupuis affirme qu’il est Innu. Voir son entretien avec Radio Canada sur cette question : Boisclair, 2021.