Septembre 2013
Le Piédestal et ses médiations
Texte de présentation
- Catherine Lemieux
- Sébastien Poirier
- Mathilde Savard-Corbeil
Le piédestal est d’abord à comprendre dans son acception technique comme le socle d’une statue, donc un support qui participe de l’œuvre tout en se situant à sa limite. Il est également, au sens où Jacques Derrida l’entend, un parergon (Derrida, La vérité en peinture, 1978), c’est-à-dire un dispositif qui, se greffant à l’œuvre d’art, en détermine aussi son unité, son intégrité, voire sa légitimité. C’est une marge de l’œuvre qui non seulement permet le commentaire exégétique mais l’appelle.
Opérant entre ostentation et dissimulation, nous considérerons le piédestal comme point limite de la représentation ; ce qui délimite, circonscrit, borde et déborde l’œuvre d’art, la fonde et la fixe. Si le piédestal exhibe ce qui est porté aux nues, il est aussi une parure supposant aussi une certaine distanciation. Autrement dit, le piédestal est à la fois ce qui rend disponible et ce qui met hors d’atteinte. Il est une scène qui invite au déguisement et à la feinte, finalement à une certaine mascarade. En ce sens, la figure du piédestal permet de penser les modalités et stratégies de mise en scène du créateur et de son œuvre.
En regard du mouvement de sécularisation de l’œuvre d’art, du croisement de la publicité et des beaux-arts, de l’art et du non-art, il est nécessaire de penser le rôle du piédestal, qu’il participe de l’idéalisation de l’artiste ou de sa ridiculisation. Or il nous paraît important de questionner les résonances de l’expression « mettre sur un piédestal » dans des contextes divers. Car consacrer est un geste qui diffère selon les époques et les médiums artistiques. Emprunté à l’architecture, ce terme sera donc à repenser selon ses implications littéraires, esthétiques et philosophiques. Quand le piédestal rend-il justice à ce qu’il consacre ? Quand est-il simple duplicité ? Comment distinguer le piédestal de l’œuvre ?
- Éditeur·rice(s)
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- L’équipe de Post-Scriptum
- Révision
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- L’équipe de Post-Scriptum
- Mise en ligne
- Laurence Sylvain